GRAINS DE BEAUTÉ
Depuis longtemps déjà, vous ne croyez plus aux contes de fées. C’est normal. La vie s’en est chargé. Pourtant il y a toujours deux façons de raconter des histoires. Si l’on vous dit que Michel Levy n’a jamais publié la moindre image, qu’il est venu nous voir au Salon de la Photo son dossier sous le bras, que nous avons eu le coup de foudre et que nous avons décidé d’en faire un portfolio, vous allez esquisser une moue sceptique.
C’est pourtant la stricte vérité !

Vous vous sentez déjà prêts à sauter sur vos téléphones pour nous demander un rendez-vous. Mais réfrénons tout de suite votre enthousiasme naissant et vos espoirs inconsidérés. Le talent, cela vient peut-être de la demi-douzaine de bienveillantes marraines qui se sont penchées sur votre berceau, mais cela ne se rencontre pas à tous les coins de rues ! Et du talent, Michel Levy en a à revendre, y compris celui de croire à sa bonne étoile. Ou plutôt ses étoiles.
Cela ne veut pas dire qu’il se précipite chaque semaine sur l’horoscope des journaux féminins. Mais sa rencontre avec un astrologue qui lui a patiemment édifié et analysé son thème astral l’a ébranlé. En effet, s’entendre parler de goût pour l’image et la sensualité, lorsque l’on fait de la photo de charme, avouez que c’est troublant. Charme n’est peut-être d’ailleurs pas le terme exact, Michel Levy préfère parler de « mode suggestive « . But qu’il résume en une phrase :  » J’estime que mes photos sont réussies lorsqu’ elles plaisent aux femmes « .

Alors il compose ses images en noir et blanc, les modèle d’ombres et de lumières, et leur ajoute cette texture pointilliste qui lui permet de se démarquer avec force des images style  » planche anatomique à précision gynécologique « . Tout se joue dans la finesse, la sensualité, l’évocation. Pas étonnant qu’au cours de ses années d’assistanat intermittent, il se soit découvert plus d’affinités avec ses modèles qu’avec des paquets de lessives ou de pommes de terre surgelées. Avant de parler de  » véritable carrière « , il lui faudra séduire bien d’autres interlocuteurs, accepter des contraintes, des concessions, peut-être des échecs. Ne connaître personne, ne pas savoir comment s’y prendre ni même par où commencer en découragerait plus d’un. Cela n’entame pas sa confiance. Pendant longtemps, il a cru qu’une publication était un but, une fin en soi. Il sait maintenant que ce n’est qu’une étape, qu’il devra exploiter. Sans cesser de travailler. En tant que  » premiers découvreurs  » de ses photos, nous le suivrons. Avec tendresse, et fierté.

Véronique Schwab, Jean-François Leroy

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